25 Octobre 2017
Quand on a vécu sa prime jeunesse dans une France bien fermée sur ses frontières, avec son franc, ses petits défilés militaires cocardiers, … on ne peut qu'être désorienté par la poussée des mouvements régionaux tels qu'ils apparaissent à notre époque.
La question est plutôt lancinante en fait : et si les régionalistes indépendantistes de tout poil avaient raison, pourquoi encore défendre un Etat nation qui ne représente pas convenablement ses citoyens ? Le convenablement sous-entend dans toutes ses composantes, en premier lieu dans ses composantes linguistiques, culturelles et sociales, celles-ci étant originales au sens premier du terme, et donc impossible à mélanger avec d'autres.
A considérer ce qui s'est passé en Ecosse, au Royaume Uni, en Catalogne, on en oublierait presque les revendications à l'indépendance déjà anciennes des Basques, Corses, Bretons,… et il paraît que la Vénétie, la Lombardie, … commencent à montrer des velléités, si pas indépendantistes, plutôt très autonomistes.
Mais après tout peut-on imaginer un autre modèle qui soit à la fois respectueux de toutes ces originalités et en même temps qui sache préserver nos forces européennes unies pour résister aux autres grands blocs, Asiatique Amérique et bientôt Afrique ?
Mais ce faisant, le sort des Etats nations, centralisateurs, tels qu'ils le sont aujourd'hui, serait quasi scellé : impossible de privilégier des régions-Etats et le maintien simultané de structures d'Etats centraux datant d'une autre époque.
Prenons plus en détails seulement le cas de la France : qu'est qui rapproche au sens de la citoyenneté française un Chti d'un Méridional, un Breton d'un Basque ? La langue française? Mais non car les Québecois sont aussi francophones, de même que les Wallons ou les Suisses du Genevois… les habitudes alimentaires ? Bof on mange des flamenkuche dans le nord et non des pissaladières; des habitudes sociales, des racines franco-françaises? mais dans le nord on a aussi un pied sans arrêt en Belgique pour les courses, les écoles, voir de la famille belge,…
Supposons toujours que la France disparaisse en tant qu'Etat - Miller disait que si un jour la France disparaissait seule la Dordogne survivrait… il n'est semble-t-il pas allé assez loin :-)…- , il faudrait que l'Europe devienne une Europe des régions et non plus une Europe des nations …. impossible avanceront certains tant il y aurait de langues à gérer… rebof en fait, on peut très bien abandonner ces dispendieuses impressions papier en dizaines de langues pour se tourner vers les traducteurs informatiques selon les besoins – impossible diront encore certains ! Eh bien non, je communique régulièrement avec une de mes nièces Chinoise ; elle comprend un peu l'anglais et utilise un traducteur pour nos échanges … et ce ne sont pas que des « comment ça va ?», mais des échanges d'avis sur la scolarité, le futur, comment aborder l'université, les cours , les sous,… , le progrès étant d'autre part constant dans les softs de traduction instantanée, les erreurs grossières seront réduites pas à pas; bien sûr pour les traductions orales, on a une armée d'interprètes au niveau de l'UE qu'il faudra étoffer - mais c'est un magnifique débouché pour beaucoup de jeunes, et simultanément le moyen de mettre de la cohérence dans la démarche européenne - donc une Europe multilingue est clairement réaliste au niveau le plus fin; il faudrait aussi beaucoup plus élargir les pouvoirs de décision, puisque les Etats-régions seraient nombreux ; mais Internet peut aider à consulter le plus grand nombre, et sans les déplacements onéreux des élus, tels que ceux que l'on a pour le moment … c'est aussi un effort certain vers une démocratie plus participative, en utilisant de mieux en mieux ses outils.
La question est donc posée : pourquoi continuer à fédérer des populations qui ne le veulent plus, alors qu'on pourrait en quelques décennies faire autrement ? Si les obstacles sont nombreux, mettre la question sous le tapis est un manque de clairvoyance à long terme, et une potentielle voie vers le délitement des pays européens dans la confusion et la bagarre.